[Souley Logossah] Ma vie, mon pays.

« Puta*n Souley, tu pars en Europe ? »

« Hé ouais les gars, j’vais tous les bouffer et ramener un tac de fric »

« Bonne chance Souley, ramènes nous des liasses »

Voilà, j’étais enfin partit pour l’Europe, mon rêve de toujours en tant qu’Africain. Il ne me restait plus qu’à réussir et ramener du fric pour tirer de cette m*rde mes parents. C’était un blanc qui m’avait débauché et qui voulait être mon entraîneur. Au final, j’men foutais, tant qu’il m’amenait en Europe et qu’il me lâchait des sous, ça suffisait à faire mon bonheur. Mes parents m’avaient laissé partir à contrecœur, ils voulaient que je reste au près d’eux, et c’était normal, mais ils savaient aussi que j’avais une chance de mieux vivre et de les sortir de là, c’était à moi en tant qu’ainée de la famille de prendre les devants pour les aider, et à personne d’autres. Je voudrais que mes frères et mes sœurs puissent aller à l’école, je voudrais que mes parents partent du Soudan, je voudrais tellement de choses …
Après un long voyage, nous arrivions en Europe, plus précisément en Espagne, pays réputé pour former de grands joueurs de terre battue. Direction Madrid, la capitale, c’est là que la famille habitait, une fois arrivé, je vis une immense villa, puta*n, ils avaient sacrément de fric, c’était parfait pour moi, il m’en fallait. Pas de répits pour moi, une fois installé, il venait me voir dans ma chambre et me dit.

« Dans 30 minutes sur le cours derrière la maison pour ton entraînement »

Après m’être changé, j’allais au lieu de rendez-vous et j’aperçus derrière la villa, à côté d’une piscine, un court de tennis en terre battue, il m’attendait déjà, deux raquettes à la main. Il m’en donna une, et nous débutions quelques échanges, la raquette était ultra-légère comparé à celle que je me fabriquais avec les déchets des autres, ce qui me permettait de frapper plus fort. Une fois cette séance terminé, il vînt me voir et me dit.

« Dans 4 semaines se tient le tournoi du Québec, ça sera ton premier pas vers ma gloire… »

« Bordel, y fait froid dans ce pays de pingouin ! »

« Arrête de te plaindre un peu ! »

« Nan mais sérieux, on se les gèle ici ! »

On était donc au Québec, pays du caribou, pays où on se les gèle surtout, faut arrêter, moi j’ai grandis en Afrique, dans des pays chaud, là où le soleil tape à longueur de journée, et pour la première fois de ma vie je voyais de la neige.
C’un truc qui sert pas à grand-chose appart à faire brailler les merdeux qui se les tire dans la tête, d’ailleurs j’en avais couché un avant d’aller à l’entraînement, j’lui avais tiré en pleine tête, je l’avais pas loupé !
Il y avait de nombreux jeunes joueurs à ce tournoi du Québec, et je jouais pour mon premier tour un dénommé Teddy Taylor, ça fait nom anglais un peu coincé, j’voyais bien un joueur avec une petite raie au milieu du crâne se présentait face à moi.

Mais pas du tout, c’était un gars sûr de lui avec une casquette qui se présentait face à moi, je ne pouvais pas perdre sur Terre-battue, c’était tout simplement inconcevable ! Je n’arrivais pas à m’acclimater au froid qui régnait et je perdis le premier set 6/2.
Ce n’était pas possible, heureusement que j’avais une adaptation assez rapide et je remportais finalement le match en 3 sets accrochés, j’étais content de passer ce premier tour.

En route vers les Quarts, où j’affrontais un joueur dénommé Thomas Tsonga, alors lui, c’était le joueur le plus nul que j’ai affronté durant ma jeune carrière, je n’en ai fait qu’une bouchée, et je n’ai pas eu de mal à passer en demi-finale !
Pour mon premier Future, j’étais parvenu à me hisser dans le dernier carré et je jouais de mieux en mieux au fil du tournoi, si seulement je pouvais gagner mon premier tournoi …

« Rien ni personne ne m’arrêtera.. »

« Ah, on se gèle plus les couilles enfin ! »

Cela faisait une semaine exactement que nous étions rentré de ce tournoi du Québec où j’avais échoué en demi-finale, et c’était plutôt pas mal pour mon premier tournoi mais quelque chose m’avait marqué là pas, même plus que marqué, quelque part cela m’avait vexé.
C’est ce petit Italien à la c*n là, Alessio Bianchi qui n’avait pas manqué les noirs lors de ses diverses interventions auprès de la presse où même des personnes qu’il rencontrait. J’suis d’ailleurs bien content qu’un frère ait pu lui asséner quelques coups de poings dans la tempe, si c’était à refaire, je crois que c’est moi qui le taperais. Je peux le garantir dès maintenant, notre prochaine rencontre n’en sera que plus houleuse.
J’ai grandis tout seul dans les rues du Soudan, j’ai très tôt arrêté l’école pour aider mes parents, ma famille à vivre, et vous croyez qu’un espèce de crétin avec des préjugés va venir m’insulter ?
Ce gars là est un enfant gâté, il ne sait pas ce que c’est de cravacher pour avoir ce que l’on veut dans la vie, sans doute n’avait il qu’à claquer les doigts pour que l’on lui achète, et cela se ressent dans ses propos.
Je suis persuadé que si nous avions été seul face à face, il se serait enfui, ce n’est qu’un lâche qui ne mérite pas de vivre...

Concernant le programme de ce mois-ci, j’vais faire un tournoi à Shangaï, y’avait pas plus loin pour mettre une branlée aux autres !

Cela faisait un petit bout de temps que je ne donnais plus de mes nouvelles au grand public. Je n'avais pas le temps, ou plutôt je ne le prenais pas, et après plusieurs mois de compétition intenses, on s'approchait petit à petit de la fin de saison. Je sentais que cela allait me faire du bien, j'avais besoin de souffler. Je n'en pouvais plus, s'entraîner chaque jour, frapper dans la balle encore et encore à chaque fois que celle-ci viens à votre rencontre. Je voulais faire une petite pause et la fin de saison venait au bon moment !

Je comptais tout de même disputer les derniers tournois de la saison, du moins encore deux, à commencer par celui de Saint Petersbourg en Russie, il paraît qu'il y a de la maille là-bas et c'est pour cela que je m'étais inscris à ce tournoi. Le tournoi se déroulait sur dur et je n'avais pas grand espoir de faire une performance, je savais pertinemment que ce n'était pas ma surface de prédilection, j'avais un niveau correct mais sans être vraiment bon.

Cependant, j'avais énormément progressé sur terre-battue, je me sentais de plus en plus à l'aise et je sentais que dans un cours laps de temps je pourrai enfin remporter le premier tournoi de ma carrière. Ma performance sportive m'interessait de plus en plus, je me prenais au jeu et même si je faisais toujours cela pour l'argent, j'étais mécontent lorsque je me faisais sortir d'un tournoi.

Pendant la trêve, j'avais déjà prévu ce que j'allais faire, je retournerai au Soudan prendre des nouvelles de ma famille, depuis que je vis en Europe, je n'ai que très peu de nouvelles d'eux et il fallait absolument que je sache comment mon père, ma mère se portent.
Mon programme était déjà tout fait, et même si je n'y restais qu'une seule petite semaine, cela me ferait du bien d les revoir même si j'avais un mauvais préssentiment ..

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