En route pour une Wild Card Australienne !

Depuis 1 semaine, mon coach et sa famille ont déménagé sur la Gold Coast ce qui fait que je peux m'entrainer avec lui tous les jours. Grâce à ses contacts, je peux m'entrainer sur la surface utilisée pour l'Open d'Australie et les tournois de préparation.

Aujourd'hui, j'arrive au club en courrant comme d'hab:

"Salut Jason, ça va ?
- Ouais gamin, ça va tu t'es bien reposé ce weekend ?
- Oui ça va, j'ai essayé de bien dormir et j'ai nagé une heure de temps samedi après-midi. Et vous ça y est vous êtes bien installés ?
- On est toujours dans les cartons mais ça ira, on se plait bien ici. Les gosses sont contents, ils peuvent aller à la plage tout seul.
- Cool. Bon qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
- Le service Josh le service, tu te souviens ce que je t'ai dit ?
- Oui le service c'est la base du jeu. Si tu mets la pression sur l'autre avec ton service, il sera stressé sur ses propres jeux de service et tu le breakeras plus facilement.
- Bien bien... Bon échauffe-toi pendant que je prépare le court !"

Une heure de service plus tard...

"Bon c'était pas mal aujourd'hui, tu progresses au niveau de la régularité, tu maitrises mieux ton geste au niveau des bras mais au niveau des jambes, c'est pas encore ça. On a besoin de passer plus de temps dans la salle de gym. Tu dois gagner en explosivité. Ca tombe bien car c'est le programme de cet après-midi
- Tu veux dire qu'il faut que je saute plus faut quand je sers ?
- Pas exactement mais je t'expliquerai tout à l'heure. Va manger un morceau maintenant et on se voit dans une heure."

Je retrouve Ben, un pote, pour déjeuner.

"On se fait un Burger King mec ?
- Euh tu sais moi j'ai pas trop droit aux burgers en pleine journée... Noodle Box c'est plus adapté à mon régime !
- Rooh tu fais chier Josh, bon allez, c'est bien parce que je veux des billets gratuits pour l'Open d'Australie !
- T'as cru que j'étais Rod Laver toi ?
- Ben non Rod Laver il est tout frippé mdr
- Respecte les légendes steuplait sinon tes billets tu les auras jamais... Et toute façon, j'suis pas une star hein j'ai pas des tickets à distribuer comme ça moi !
- Ouais ben oublie pas tes potes j'te dis moi
- J'peux pas t'oublier t'es tellement balot mon pauvre mdr"

*Qu'est-ce que ça fait du bien de passer du temps avec son meilleur pote. Le tennis me prend tout mon temps quand même, je fais beaucoup de sacrifices.*

"Merci pour le déjeuner mec on se refait ça bientôt, c'est les vacances, et faudra qu'on aille surfer un coup !
- Le weekend prochain Benny, si je suis pas trop crevé
- T'es jamais crevé pour le surf ^^
- Allez tcho mec"

Après avoir passé l'après midi à faire de la muscu sur des appareils en tout genre et reçu un massage de la part d'un gros bonhomme poilu je rentre à la maison, je dinne et je tombe dans mon lit... Avant de partir, Jason m'a dit qu'on devait parler de quelque chose d'important demain matin, me demande c'est quoi !

Bip bip bip, 8h00 du matin, une nouvelle journée commence ! Et ça s'annonce comme tous les jours: entrainement et encore entrainement...
Après un bon petit déjeuner, j'arrive au club à 9h et là Jason me dit qu'on monte à Brisbane aujourd'hui.

"Ah bon ? Qu'est-ce qu'on va faire à Brisbane ?
- Surprise, allez monte dans la voiture.
- J'espère que ça vaut le coup parce que ça va nous faire rentrer tard et moi j'avais prévu de passer la soirée avec ma copine...
- Annule ! Fais moi confiance ça vaudra le coup.
- Mouais"

*Soupir. J'ai à peine le temps de la voir ces jours-ci et je sens bien que si je lui consacre pas plus de temps, ça va casser*

Durant le trajet, on s'envoit des textos et comme prévu, elle me tape une scène...
On arrive à Brisbane et on s'entraine avec des mecs que je connais pas trop, on fait des sets d'entrainement et j'essaye d'appliquer des stratégies de jeu établies par Jason. Mais j'ai pas trop la tête au tennis. Je déjoue plus qu'autre chose. Etrangement, Jason ne gueule pas...

Après le déjeuner, un gros bonhomme s'approche de nous et commence à discuter avec Jason. Après 2 minutes il fait les présentations:

"Josh, voici Stephen Ayles, le directeur du tournoi ATP de Brisbane et je lui ai demande qu'il te regarde jouer un peu...
*Oh pu**** je suis impressionné là !!!*
- Enchanté Monsieur Ayles ! Je suis venu au tournoi l'année dernière, j'ai assisté à cette finale de folie entre Kim et Justine, ça a l'air d'être un super tournoi !
*Fais le lèche, ça peut servir un contact comme lui*
- Jason m'a parlé de toi en bien Joshua alors on te fait une petite surprise, si tu as envie, tu peux aller taper la balle sur le court central du tournoi cet après-midi...
- Suuuuuuuuuuper, bien sûr que j'ai envie ! Oh merci merci merci merci
- Allez on y va, on a pas beaucoup de temps"

Je passe la meilleure après-midi de ma vie ! Jouer sur un si beau court c'est dément !!! Je joue simplement contre Jason mais je me défonce. Stephen est sur la chaise d'arbitre et nous regarde. Au bout d'une heure et demie de jeu, je bat Jason 7/5 6/4. Sur la fin, je crois qu'il était fatigué et qu'il m'a laissé gagner lol.

"Alors Steve, t'en as pensé quoi de ce petit ?
- Pas trop mauvais ! Il a un bon petit potentiel et j'aime bien son attitude mais au niveau tactique, c'est encore très junior...
- Bien sûr mais il a seulement joué son premier Future il y a 2 mois donc on améliore encore beaucoup de choses
- J'espère bien... Je vais être honnête, je peux pas te dire au jour d'aujourd'hui si je vais lui donner la wild card que tu m'as demandé parce qu'on a pas mal de petits jeunes qui nous sollicitent comme Bernard Tomic et Teddy Taylor mais je vais y réflechir.
- Pas de soucis Steve, merci de nous avoir laissé jouer sur le court. Si je peux t'aider sur quoi que ce soit, tu me fais signe.
- Ca roule, à la prochaine. Bonne chance Josh !
- Merci pour une fabuleuse après-midi Monsieur, c'était une superbe expérience !"

Sur le chemin du retour:
"Super tes plans Jason
- C'est pas pour rien que je suis cher comme coach petit...
- Je sais pas, c'est la fédé qui paye ahahah, tu crois que j'ai une chance pour la wild card ?
- Pour le grand tableau, je pense pas mais pour les qualifs, pourquoi pas...
- Ce serait déjà énorme, faut que je termine bien l'année à St Petersbourg !
- Ce serait pas mal que tu battes un des jeunes Australiens qui sera là-bas. On est arrivé, on se voit dans 2 jours à l'aéroport. Profite bien de ton jour de repos.
- Merci, toi aussi ! A++"

Encore une fois je rentre lessivé, je dînne, prend une douche et me couche en oubliant d'appeller ma copine...

Difficile de s'acclimater au froid de St Pétersbourg ! Mes premiers entrainements ne sont pas très concluants et c'est pas avec une confiance maximale que je commence mon match face à Florian Girrod, un jeune Français de 17 ans également.

Il avale les 5 premiers jeux en me surclassant. Il n'a qu'à mettre la balle dans le court pour marquer un point. Aucune réaction dans les jambes: je suis lent et mou, comme léthargique.
Je me parle beaucoup et commence à vraiment m'énerver. Je crie "A quoi ça sert tout ces sacrifices si c'est pour jouer comme ça en match ?"
C'est alors que je me réveille un peu et réussit à débreaker une fois mais son avance est trop importante et je perd ce set 3/6. Au 2e, c'est moi qui commence bien. Enfin, je joue le tennis que Jason m'a demandé de jouer en match. Le service passe bien et les longs rallies sont toujours en ma faveur. Seulement, je défend beaucoup et c'est moi qui dépense le plus d'énergie. Pas grave, je suis pas fatigué moi ! 6/2 pour moi.
Je joue à peine moins bien dans le 3e et le jeux est beaucoup plus équilibré. Je paye l'énergie consommée au 2e set et je ramène donc moins de balles et je suis moins précis dans mes déplacements, résultat je m'incline sur pas grand chose: 4/6.
Bon match mais je regrette de ne pas avoir pu jouer à mon vrai niveau plus tôt dans le match.

Lors de la poignée de main, je félicite, en Français, mon adversaire:
"Bravo Florian, t'as fait un bon match, bonne chance pour la suite.
- Merci... Mais tu parles Français ?
- Bah oui ma mère est Calédonienne
- Ah cool, faudra qu'on fasse une sortie entre Français un des ces 4."

Dans les vestiaires, je retrouve mon coach et on parle du match vite fait. Il est pas trop dur avec moi:
"Il y a avait de la place pour gagner même dans un mauvais jour, c'est dommage pour toi...
- C'est clair, j'avais pas de jus au début du match, je sais pas ce qui s'est passé
- On sait jamais comment tu vas être sur le terrain donc la prochaine fois, on changera un peu les méthodes d'échauffement
- Et au niveau du jeu, t'en as pensé quoi ?
- Pas trop mal. Au niveau de l'attitude c'était bien mais tactiquement, tu aurais du l'agresser vachement plus.Tu l'as un peu trop regardé jouer
- Je pensais qu'il ferait des fautes parce que je donnais pas de rythme au début et qu'il serait surpris que j'élève ainsi mon niveau de jeu
- C'est pas la meilleure des façons de penser pour gagner un match. Bon ce qui est pas mal maintenant, c'est qu'on va s'entrainer pour le reste de la semaine avec des joueurs. J'ai été voir l'Australien Teddy Taylor et je lui ai demandé s'il voulait taper la balle avec toi, j'attends sa réponse !
- Ok je vais à la douche."

Dans l'avion vers l'Australie, je repense à ces quelques jours en Russie...

*Ca fait quand même bizarre de se taper autant d'heures de vol, passer la douane, faire et défaire les valises pour jouer un match de tennis... Juste un... Est-ce que ça valait vraiment le coup d'aller jouer ce tournoi ? Je suppose que oui, il faut tout essayer et se donner au max pour ne pas avoir de regrets plus tard.
Après tout, j'ai pas fait un si mauvais match, c'est pas la honte à fond... Mais ça fait iech de rentrer chez soi et de dire à tout le monde: "ben non je suis déjà rentré parce que j'ai perdu au premier tour" et les gens qui te demandent "ah bon comment ça se fait? Il était pas connu l'autre." **Et moi tu crois que je suis connu tocard?**. Je vais donc éviter de voir trop de monde les jours suivants mon retour... J'irai m'entrainer deux fois plus pour ne plus que ça se reproduise. Je déteste perdre alors perdre au 1er tour, je déteste encore plus et la prochaine fois que je jouerai ce Florian Girrod, il verra pas la couleur de la balle...
Sinon il y a quand même du positif à ce petit séjour russe, j'ai pu taper la balle avec Teddy Taylor, un autre joueur australien, un peu plus âgé que moi. On a bien discuté et c'est bien de savoir comment il a progressé, comment il a vécu sa transition de sa vie où il est passé de l'ado qui quitte la maison à celle de l'homme qui a l'air d'avoir une vie bien installée sur le circuit pro. Même s'il est pas vraiment précoce, ce serait bien de pouvoir continuer à le côtoyer sur les tournois. Toutefois, j'espère qu'à son âge, je serai bien mieux classé que lui en ce moment... Peut-être qu'on pourra s'entrainer ensemble en Australie aussi !*

L'avion atterit... Retour à la maison !

J'arrive au club comme tous les matins en saluant Jason:

"Tiens, lis-ça gosse !
- Tout ?
- Nan, page 72
- Oh les gens s'intéressent encore à toi, mort de rire
- T'as bouffé un clown ce matin ?
- Oh Palsembleu tu parles de moi là !
- Tu crois vraiment que c'est avec des défaites au 1er tour qu'on va la gagner cette wild card ?
- Hé ho c'est bon là, j'ai perdu qu'une fois au 1er tour ! Respect s'il te plait ! Et en plus j'ai perdu à cause du froid !
- Ah les excuses je veux pas les entendre ! Toi t'es là pour galèrer, pas pour t'amuser...
- Euh on JOUE au tennis quand même alors quand on JOUE on s'amuse...
- Toi t'es pas là pour jouer au tennis, t'es là pour travailler ton tennis !
- Arrête de me parler rabat joie et entraine-moi ahahah !
- Attends ! Ca te fait quoi alors d'avoir ta photo dans Tennis Magazine ?
- Ca me fera vraiment plaisir quand il y aura ma photo avec n'importe quel trophée
- Bonne réponse champion ! Allez c'est parti !"

Et oui nous étions repartis pour une nouvelle journée d'entrainement après le couac de St Pétersbourg. J'avais plutôt bien digérer cette défaite. On en avait pas mal parlé avec Jason et j'avais réussi à admettre que je ne pouvais pas tout gagner tout de suite. Je n'ai pas à me dévaloriser après une défaite comme cella là. Au contraire, je dois analyser cette défaite et en tirer certaines conséquences pour progresser. Ce dernier match, je ne l'ai pas perdu "tennistiquement" mais je ne suis pas arrivé suffisement préparé. Donc on va plus bosser sur ce point avant mon prochain tournoi. Jason va me mettre en situation de match. Aujourd'hui par exemple, on va faire une simulation de tournoi, c'est-à-dire que je vais jouer un match au meilleur des 3 sets mais sans savoir exactement à quelle heure je vais le jouer, contre un mec que je ne connais pas du tout... Seule différence d'avec les tournois, à chaque changement de côté, je discuterai avec Jason de mes sensations.

On commence donc ce match à 15h alors que je m'étais échauffé pour normalement jouer à 13h30. Jason m'aide à préparer mon sac, me rapelle quand manger ou boire telle ou telle chose.

Je perds mon service d'entrée et je suis mené 3/0 au premier changement de côté. Je dis à Jason:
"Je sens pas mes jambes, elles sont endormies !"

Il me conseille alors des étirements, une certaine manière de respirer, comment bien boire. C'est là l'avantage d'avoir un coach qui a été pro.
Donc j'applique ses conseils et il se trouve que ça se passe pas mal. J'entre dans la partie, débreake et tout en continuant à bien suivre ce qu'il me dit, c'est à dire sautiller, bouger les jambes, étirer mes épaules, je trouve mon rythme et c'est logiquement qu'on arrive à un tie-break. Je le perds bêtement. Et là il me donne un conseil pour le moins surprenant:

"T'as trop de frustration là, je serais de toi, je taperais un bon coup sur le sol avec ma raquette"

*Euh si tu le dis*

Je le fais pas parce que j'aime pas casser les raquettes. J'en ai pas beaucoup en plus. Mais je joue pas mal et je gagne ce 2e set 6/3. A 4/3 dans le 3e, je sens un coup de barre. Et là, à nouveau, je suis les conseils et de Jason, j'écourte les échanges, je vais chercher les points au filet et je l'emporte 7/5.

Une belle satisfaction cette journée. A moi de retenir la leçon et d'appliquer tout ça en match !

"Nan mais quel match pourri je viens de jouer, je suis deg de chez deg là, à l'entrainement, j'avais pourtant des bonnes sensations, je faisais ce que tu me disais de faire, bien gèrer mon effort, boire, manger, bien respirer, et après ce premier set, plus rien !
- Josh, les conseils que je t'ai donné, c'est pour tenir physiquement tout un match, là c'est ta tête qui a lâché et ce problème là, tu dois l'affronter toi-même. Soit t'as envie, soit t'as pas envie. Là, je peux pas vraiment t'aider.
- T'as toujours réponse à tout mais mes jambes bougeait plus.
- Elles bougeait plus parce que tu voulais pas qu'elles bougent mais je sais très bien que t'avais encore du jus et tu sais quoi, je vais te le prouver, on va s'entrainer tout de suite !
- Oh non !
- Si, on va faire une bonne séance d'entrainement pour oublier ce match et tu verras, tu te sentiras bien mieux."

Encore une fois, Jason avait raison. On joue l'un contre l'autre, sans compter les points, pendant deux heures et je m'arrache complétement, je suis sur toutes les balles, je bouge bien, je frappe fort... Alors va comprendre pourquoi j'ai pris une casse ?
Après avoir dinné, je suis seul dans ma chambre d'hôtel. Je discute avec ma copine sur skype et je réalise qu'elle me manque énormement dans ces moments-là alors pour ne pas le lui montrer, je met rapidement fin à la discussion.

Je parle tout seul: "qu'est ce que je m'ennuie !!!"
Et là me vient l'idée de sortir faire un tour. J'appelle un taxi. Si Jason me chope en train de sortir la nuit, je suis mort mais bon...

"Où souhaitez-vous allez Monsieur ?
- Un bar ou une boite de nuit à me recommander ?
- Je vous dépose au Rydges.
- Merci."

Devant la boite, pas moyen de rentrer, trop jeune et surtout trop cher. Fin dégouté, je commence à marcher dans la rue, dépité.
Tout à coup, j'entend quelqu'un me récrie:
"Hey mec, qu'est ce que tu fais tout seul à cette heure ? Tu viens d'où ?
- Je suis Australien et là je rentre chez moi.
- Wahoo Australien, t'as trop la classe ! Viens avec moi, j'habite à deux rues d'ici, y a une petite fête chez moi.
- Nan mais je suis crevé là, j'ai besoin de dormir.
- Tu rigoles, t'as l'air déprimé, un peu de compagnie te fera du bien !! Tu t'appelles comment déjà ?
- Josh. D'accord mais pas longtemps alors
- Enchanté Josh, moi c'est Ahmed. Tu vas pas le regretter, y a des bombasses, tu vas t'éclater !
- Cool."

Arrivé là-bas, la petite fête se résumé en fait à trois filles et un autre mec en plus de Ahmed. Ils sont tous plus âgés que moi. On se sert à boire. C'est diablement fort mais super bon. Une des filles commencent à s'asseoir très près de moi et me drague quelque peu. Je continue à boire parce que je flippe un peu d'être chez des inconnus.
Ca fait deux heures que je suis là maintement et je suis bien peté. L'autre mec et une des filles sont partis dans une chambre. Ahmed et la deuxième se relèchent sur le canapé et la troisième fille pose alors sa main sur ma cuisse et commence à me carresser les cheveux. Elle me murmure à l'oreille:

"On devrait peut-être les laisser tranquille.
- Ouais sûrement. Je vais y aller.
- Attends, on peut aller à côté discuter. Tu connais pas ton chemin de toute façon, je vais t'appeller un taxi d'ici une demi-heure.
- Ok, ça marche."

On passe alors dans une chambre voisine.

"Attends-moi ici, je reviens dans une minute."

Elle revient avec une tenue qui ne cache pas grand chose de son intimité. Je suis ébahi.
*J'en ai pas vu souvent des comme celle-là*

Elle me couche sur le lit et m'enlève mon jean. J'ai tellement bu que je me rend pas bien compte de ce qu'elle fait mais au moment où elle rentre ses mains dans mon caleçon, je crie "NON, DESOLE, JE PEUX PAS !!".
Je remet mon jean en vitesse, sort de la chambre en courrant, prend mon manteau et sort de l'appartement.

Dehors, aucun taxi, il est 4 heures du matin. Je sais pas trop où je suis alors je marche marche marche et marche. Il est 6 heures du matin quand j'arrive à l'hôtel. Je tombe sur mon lit tout habillé et m'endors de suite.

Je suis réveillé en sursaut par Jason qui entre dans ma chambre en hurlant: "Mais qu'est-ce que tu fous, ça fait une demii-heure que je t'attend en bas pour aller t'entrainer ! Et n'oublie pas qu'on a l'avion dans à 16h cet après-midi alors on a pas tout notre temps!"

Je regarde ma montre, 9h, oulàlà la tête !! J'ai mal au crâne. Je sens que la journée va être difficile.

"Qu'est-ce que tu fous en jean dans ton pieu ? Tu peux m'expliquer ?
- C'est une longue histoire
- Moi je vais te la faire courte: t'es sorti et t'as picolé. Et ça j'aime pas d'une part parce que je suis ton entraineur et que j'ai pas de temps à perdre avec un gosse qui se met des mines et d'autre part parce que tes parents me font confiance et que je suis responsable de toi.
- Crie pas j'ai mal au crâne !
- Ah tu veux pas que je crie ? Ben mon coco tu vas te débrouiller pour rentrer. Je vais apeller tes parents de suite et tu vas avoir une petite discussion avec eux parce que moi ça m'intéresse pas de bosser avec toi dans ces conditions. Bye"

Et il sortit en claquant la porte.
La journée s'annonce encore plus difficile que prévu.
Bon je crois que la première chose à faire est d'aller prendre une douche et d'enfiler mes baskets pour aller m'entrainer.

Surprise, pas de Jason. Enfin, surprise, pas tant que ça...
Je retourne à l'hôtel, je le trouve toujours pas. Je peux pas imaginer qu'il m'ait planté au Qatar comme ça.
J'attend dans ma chambre. Je pense que mes parents vont m'apeller mais rien.
L'heure tourne et je dois me rendre à l'évidence, il faut que j'aille à l'aéroport tout seul.

A l'aéroport, j'aperçois Jason, que j'évite. J'arrive pas à croire qu'il soit parti sans moi.
Arrivé à Brisbane, je n'essaye même pas de lui parler.
Mes parents sont là alors qu'ils ne devraient pas. J'imagine qu'il leur a parlé...

Mon père me met une claque dès qu'il me voit.
*Journée très très difficile en effet*
A la maison, je prend une grosse leçon de morale de la part de mes parents. C'est dur mais je dois avouer qu'ils ont raison. Mes parents veulent que je téléphone à Jason pour m'excuser.

C'est ce que j'ai de mieux à faire. Mais ça attendra le lendemain. Pour le moment, j'ai besoin de repos.

Je lui téléphone donc le lendemain et nous nous mettons d'accord sur une chose, s'il revient je dois être irréprochable dans ma vie privée.

Ouf les choses s'arrangent...

"Alors il parait que la Fédération t'as contacté ?
- Ah ah ah comme si tu le savais Jason !!
- T'es content alors ?
- Tu parles que je suis content ! Le rêve de toute une vie qui se réalise ! D'habitude, je vais à l'Open pour regarder, pas pour jouer. L'année dernière, je me souviens l'ambiance de fou qu'il y avait pour les matchs de Tomic, j'espère que ça va être pareil pour moi !
- N'en demande pas trop non plus, tu seras sûrement sur un petit court si tu joues pas contre une tête de série pour commencer et crois-moi ce sera déjà bien suffisant. Pour le moment tu es sur ton nuage mais une fois à Melbourne, ça sera pas la même. Tu es Australien, jeune, mignon et en plus invité donc tu vas forcément attiré l'attention des médias. Et médias = pression. En plus, je veux pas te saper le moral mais tu as pas vraiment de chance de bien figurer, tu vas être le plus mal classé du tableau, peu de mecs sont battables à ton niveau...
- C'est pour ça qu'on va travailler d'arrache pied. Je veux que tu m'entraines encore plus dur que quand tu entrainais Hewitt.
- Ben mon petit gars, t'as du boulot !
- Ca me fait pas peur...
- Et ben c'est parti !! Mais c'est toi qui l'auras voulu."

Qu'est-ce que j'avais pas dit ! Je pensais pas que Lleyton Hewitt s'entrainait aussi dur quand il était n°1 mondial. Pendant une heure, on s'entraine à une intensité pas croyable. En fait, pour ne pas me laisser une minute de repis, je joue contre trois sparring partner, autant dire que je fais pas un seul point gagnant et que je cours partout.

"Alors t'es fatigué ?
- Trois contre un c'est pas juste.
- Je te prépare à jouer un 100e à l'ATP... Tous les gars vont être dix fois plus puissants que toi. Ta seule chance, c'est de courir partout et de remettre la balle dans le court encore et encore.
- Ca risque d'être sympa :/
- En même temps, ces gars-là auront tous 3 ou 4 ans de plus que toi. Nadal, c'est ce qu'il faisait au début, Lleyton aussi.
- Bon allez on y retourne."

Autant dire que ce soir là, je tombe comme une masse. Et le pire c'est que le lendemain, faudra remettre ça !

Cela fait maintenant un mois que je ne vis que pour ce moment: mon match du premier tour à l'Open d'Australie ! Aujourd'hui c'est enfin le jour J. J'ai bien dormi, je n'étais pas vraiment nerveux jusqu'à hier puisque j'avais intentionnellement choisi d'aller jouer un tournoi en Nouvelle Zélande afin d'éviter ce piège qu'est la pression que nous Australiens ressentont à la maison. C'est vrai qu'il y a tellement peu de chances de victoire finale que la pression se sent même quand on est au delà du 600e rang mondial parce qu'on a tout simplement envie de faire rêver notre public.

Je suis à Melbourne avec Jason, mes parents, mon frère et ma soeur. Je partage ma chambre avec mon frère mais d'un commun accord, je ne vais pas voir ma famille ce matin. J'ai juste rendez-vous avec Jason à 8h30. Nous prenons le petit-déjeuner ensemble:

"Alors, comment tu te sens champion ?
- Ca va. j'ai eu un peu de mal à trouver le sommeil hier soir mais j'ai bien dormi. Je me sens bien, j'ai hâte d'y aller.
- Tant mieux. On va aller s'entrainer sur les coups de 9h00 sur le Show Court 2 avec Peter Luckzak. Ensuite un peu de repos, on mangera des pâtes et tu t'échaufferas une bonne heure dans les vestiaires et ton match devrait commencer vers 12h30-13h00.
- Ok. Je préfèrerais que tu restes avec moi le plus longtemps possible.
- Pas de soucis."

A l'entrainement, je sens bien la balle. Je bouge bien. Donc je suis satisfait. Peter, qui est notre n°2 national a encore moins de chance avec le tirage, il se coltine Novak Djokovic d'entrée sur le central. Pauvre Pete, l'année dernière, il s'était pris Rafa Nadal d'entrée. Une douche rapide puis j'avale une bonne assiette de pâtes et je pars m'échauffer sur un vélo d'appartement. C'est vraiment le rêve de jouer un Grand Chelem, ils sont super bien équipés, les vestiaires sont grands, ça change des tournois futures ! Pendant ce temps, Jason me donne ses derniers conseils:

"Ne te laisse pas impressionner par le public. C'est pas la première fois que tu viens à l'Open d'Australie donc tu sais comment ils sont quand un Australient est sur le court. Ils sont là pour t'aider, bien sûr qu'ils vont te mettre la pression mais c'est la pression positive. Donne leur du plaisir et prends en un maximum.
Quant à Nalbandian, c'est un adversaire de taille certes mais je veux te voir te battre comme un chien. Tu vas souffrir mais je veux te voir aimer ça. Il est comme toi, il a 2 jambes, 2 bras et une raquette. Il a pas beaucoup de points faibles mais il peut avoir des sautes de concentration, ce sera là que tu devras faire des points. Construit tes points sur son coup droit et conclue sur son revers. Prend ton temps avant de servir. L'erreur serait de se précipiter mais tu dois lui montrer qu'il te fait pas peur. Si tu ne passes pas un maximum de premières, tu vas te faire punir en retour. Varie le jeu autant que tu pues, les courses vers l'avant, c'est pas sa spécialité, les petits angles qui le sortent du court, c'est sa petite faiblesse."

Les dernières minutes sont les plus longues de ma vie. Le temps ne passe pas. Le match précédant le mien s'éternise un peu. 13h30: j'entend le speaker dans les vestaires qui annoncent mon match:

Messieurs David Nalbandian et Joshua McLeod sont appelés sur le ShowCourt 2 dans 10 minutes.

Enfin ! Jason part s'installer sur le court où mes parents doivent s'impatienter. 13h40: nous pénétrons sur le court. le public scande mon nom "Mc Leod Mc Leod". Je remarque tout de suite qu'il n'y a pas de drapeau argentin dans les tribunes. Ils seront donc tous pour moi. On commence l'échauffement. Et comme d'habitude, c'est la petite tradition de l'échauffement quand un Australien est sur le court, le public crie "coup droit, revers, lob, vollée, service" à chaque fois que je frappe un coup et quand c'est Nalbandian qui frappe la balle, ils font des cries à la Sharapova. Quelle expérience, dire que l'année dernière, c'est moi qui faisait ça dans les tribunes !!

Le match commence. Je sers le premier. Il fait quatre fautes directes. Tant mieux. Il m'offre quelques points mais je suis bien rentré dans mon match et je me permet de réussir quelques jolis points. Je m'amuse bien pour le moment. Le public est content. Mais à 3 partout, il pousse un brutal coup d'accélérateur. Il enchaine les points gagnants. Ce mec a un revers d'une précision et d'une puissance ahurissante. Je suis toujours en position défensive. Il boucle le set sur un retour gagnant pleine ligne. Rien à dire, il est fort. Et moi, je n'ai pas grand chose à me reprocher.

Deuxième set et mon capital physique est déjà bien entamé. Il fait chaud à Melbourne aussi. Alors je tente service/volée sur mon premier jeu de service, ça le surprend et j'empoche mon premier jeu blanc de la partie. "Come on !" Le public apprécie de me voir tenter des choses. Une jolie ola commence au changement de côté. Peut-être galvanisé par l'ambiance qui monte, j'obtiens ma première balle de break à 2/2. Je me grise un peu et j'envoie mon revers en dehors du stade. Ma chance est passé. Il appuie à nouveau sur l'accélérateur et j'encaisse 4 jeux.

Deux sets à zéro en une heure et quinze minute... Jason me fait signe de continuer ce que je fais. Je décide d'être très offensif en début troisième manche. Je mitraille toutes les balles et oh chance, tout reste dans le court. J'enchaine les points gagnants et mène 3/0 double break ! Nalbandian détruit une raquette de rage. Jamais je n'avais joué avec autant d'intensité en match. Mais l'Argentin est redoutable en défense. Les rallies sont longs. Je surjoue. Je sais très bien que je ne suis pas à mon vrai niveau. Mais il faut bien tenter quelque chose. Malheureusement, je ne peux pas garder ce niveau très longtemps. Je me brûle un peu les ailes en continuant à jouer comme ça et les fautes arrivent. Nalbandian n'a pas trop de mal à boucler la manche 6/3.

C'est fini ! Déjà ! 2 heures de jeu tout de même. Je souhaite bonne chance à David pour le reste du tournoi. Je suis assez content de mon match. J'ai profité, je me suis amusé. J'ai passé un bon moment. Je remercie le public qui m'a soutenu tout au long de la rencontre. J'offre mes services à deux jolies blondes qui se sont peint le visage en jaune et vert. Et je regagne les vestiaires.

Jason est déjà là :

"T'as fait ce que t'as pu. Tu as pas à avoir honte de toi.
- Une fois que la machine s'est mise en marche, il y avait plus grand chose à faire. Le mec a joué super bien.
- Allez, t'as bien mérité une douche et un massage. Profites-en, c'est pas tous les jours que tu auras droit à tout ça.
- Ca viendra, t'inquiètes pas pour ça."

Je reste sous la douche au moins 20 minutes. J'ai besoin de retrouver mes esprits, d'analyser ce que je viens de vivre. Puis je vais au massage, Nalbandian est déjà sur une table. Il me voit et tourne la tête. Ca me déçoit un peu. Mais le masseur me fait tellement de bien que je m'en fou !!! Un organisateur vient me dire que je suis attendu en salle de presse.

Je me rend donc en salle de presse où m'attendent 4 journalistes australiens ! La première pour moi, c'est aussi quelque chose de nouveau à gérer mais les journalistes ne sont pas très curieux. Ils restent dans le domaine du tennis

Félicitations pour ta Wild-Card, Josh. Comment est-ce que tu te sens après ton match contre Nalbandian ?

Je n’avais jamais joué à un tel niveau donc c’est une expérience forcément très intéressante pour moi. Cela dit, je n’ai marqué que 8 jeux et c’est une déception pour moi. J’aurais bien sûr aimé l’embêter un peu plus, gagner un set par exemple. Mais j’ai quand même passé un bon moment, le public a été super. Ca me donne envie de m’entrainer dur, d’arriver au niveau d’un gars contre Nalbandian pour revenir jouer ce tournoi l’année prochaine et y décrocher quelques victoires. Je pense que j’ai bien géré l’événement, j’ai fait un bon match, c’est juste qu’il était beaucoup plus fort que moi.

Comment est-ce que tu décrirais ton style de jeu ?

Je dirais que mon jeu naturel est de défendre. J’estime avoir quelques bonnes qualités athlétiques mais je ne veux pas me reposer sur ça. Aujourd’hui, on ne devient pas n°1 mondial en défendant. Il faut savoir jouer de manière agressive et aller chercher les points pour battre les meilleurs. Mais le tennis, ça reste un sport très mental et j’aime beaucoup cet aspect. J’aime varier le jeu et surprendre mon adversaire.

Comment est-ce que tu as commencé le tennis ?

Mon père m’a toujours poussé à faire du sport. J’ai un peu tout essayé et j’ai eu un coup de cœur pour le tennis vers l’âge de 7 ans. J’en faisais à l’école et puis de fil en aiguille, j’ai commencé à jouer toujours plus et à m’améliorer et voilà le résultat aujourd’hui !

Si tu pouvais voler un coup à un joueur du circuit, lequel volerais-tu ?

Tous les coups de Federer et Nadal évidemment ! Peut-être que je prendrais le service de John Isner, le coup droit de Novak Djokovic, le revers de Murray et le jeu de jambes de Gaël Monfils !

Quelle est ta surface préférée et ton tournoi favori ?

Je n’ai pas joué énormément de tournois pour le moment mais en tant que spectateur, je crois que l’Open d’Australie reste mon préféré. En ce qui concerne la surface, je me sens plus à l’aise sur le dur et les surfaces rapides en général.

Si tu devais te décrire en un ou deux mots, que dirais-tu ?

Que je suis déterminé et ambitieux.

Quels sont tes objectifs en tennis ?

A court terme, j’aimerais rejoindre le top 150 le plus vite possible pour pouvoir prendre part aux qualifications des tournois ATP. Sur le long terme, je rêve de victoires en Grand Chelem, du top 10, de la Coupe Davis et des Jeux Olympiques. Je ne suis pas très différent des autres joueurs. Maintenant, est-ce que j’en ai les capacités, je ne sais pas. Mon objectif primordial est de donner le meilleur de moi-même et de ne pas avoir de regrets plus tard.

Quelle est ta structure d’entrainement actuelle ?

Je suis entrainé par Jason Stoltenberg chez moi sur la Gold Coast pour le moment mais il ne veut pas forcément voyager énormément alors je ne sais si nous pourrons continuer encore longtemps ensemble. J’espère pouvoir bénéficier de ses conseils le plus longtemps possible. C’est formidable de pouvoir compter sur une personne qui a autant d’expériences en tant que joueur mais aussi en tant qu’entraineur. C’est bon pour la confiance.

Est-ce que tu vas encore à l’école ?

C’est de plus en plus compliqué mais j’aimerais terminer le lycée. C’est un objectif aussi important que le tennis.

Merci d’être venu Josh ! Bonne chance pour la suite de ta saison !

Ainsi se termine mon aventure à l'Open d'Australie.
Je reste un jour de plus à Melbourne histoire de voir quelques bons matchs vu que c'est gratuit et de me mettre quelques étoiles de plus dans les yeux.
Les Australiens ne brillent pas franchement malheureusement mais voir tous ces joueurs pro, pouvoir me promener dans les vestiaires et voir les joueurs se préparer, c'est franchement top.

Le soir, je reprend l'avion pour la Gold Coast avec la ferme intention de revenir l'année prochaine et de faire parler de moi.

FIN DU RP !